Découvrez le guide détaillé de tous les parcours de golf situés dans la région Grand Est . Vous pouvez laisser un commentaire, un vote ou une anecdote sur tous les golfs présents dans l’annuaire du golf
Strasbourg, capitale de l’Europe, c’est tout un symbole. Pillée, bombardée, martyrisée, cette ville magnifique, baignée par L’Ill et le Rhin, servit pendant soixante-quinze ans de justification à trois guerres terriblement meurtrières: 1870, 1914, 1940. Trois dates noires de l’histoire de France. Quel destin pour cette cité, déclarée ville libre de l’Empire germanique en 1201, puis annexée par Louis XIV en 168 l avant de devenir l’objet des convoitises des militaires allemands au XIXème siècle et d’inspirer l’élan patriotique des poilus de l’armée française d’août 1914.
C’est dans ce contexte bélliqueux que naquit le golf en Alsace avec la création, en 1934, de Strasbourg-Illkirch. L’année même où les bruits de bottes de la puissance hitlérienne résonnaient aux oreilles de l’Europe. Au début des années 60, la réconciliation pronée par le Général de Gaulle et le chancelier Adenauer, tirait un trait définitif sur près de cent ans de rivalités guerrières. Au golf de Rhin-Chalampé construit sur une île du Rhin entre Colmar et Mulhouse, l’amitié franco-allemande est depuis trente ans une réalité. 33% des membres sont français, 33% allemands et 33% suisses. L’égalité parfaite. Cette parité n’est pas inscrite dans les statuts du club. C’est une règle qui est suivie depuis la création de ce golf, en 1968, par les présidents et les directeurs, ces derniers étant toujours en revanche de nationalité française.
Cette cohabitation se retrouve dans tous les golfs frontaliers. Du golf de Souffleheim, la dernière création de Bernhard Langer, à Lons-le-Saulnier dans le Jura. Car la construction de nouveaux parcours en Allemagne et en Suisse est freinée par des lois sur l’environnement plus restrictives qu’en France. D’où cet apport de capitaux de financiers allemands et suisses qui ont grandement contribué au développement de la pratique du golf dans l’est de la France.
A Rhin-Chalampé, trois fêtes nationales sont célébrées. Le 14 juillet pour nos compatriotes, le 3 octobre pour nos cousins germains et le l er août pour les Helvètes. La salle de restaurant du clubhouse se décore alors des drapeaux nationaux et tout le monde s’amuse. Afin de compléter ce tour d’Europe, l’Angleterre est représentée par l’architecte du parcours, David Harradine. Le vieux bonhomme a tracé sur cette île ravagée de temps à autre par des hardes de sangliers un parcours très classique. Au golf de Rhin-Chalampé, les chênes, les peupliers et les bouleaux sont les principaux obstacles de ce parcours étroit et très long des départs arrières. Avec ses 6.400 mètres, il est même un des plus longs de France et casser le par relève de la performance.
Quand on arrive par la route de Plobsheim au golf du Kempferhof, on devine immédiatement à quelle sauce nos balles de golf vont être mangées. A l’eau saumâtre des pièces d’eau qui protègent le green commun du 9 et du 18. A son habitude, l’architecte Robert Van Hagge n’a pas lésiné sur les pièges tendus aux golfeurs. Un jeu du chat et de la souris bien connu des amoureux de Seignosse, des Bordes ou de Courson, autres créations de cet Américain. Van Hagge aime les fairways ondulés, les vastes bunkers et les greens en île. Ses signatures. Avec cet architecte, on ne s’ennuie jamais. Ses oeuvres exigent technique, lucidité, stratégie. Et beaucoup de chance pour réussir une bonne carte de score. A l’opposé de l’architecture plus classique du golf de Strasbourg-Illkirch.
Le Kempferhof est né sur un bateau en pleine Méditerranée. Lors d’une croisière en Corse qui réunissait trois promoteurs alsaciens qui voulaient offrir à Strasbourg un parcours haut de gamme. Leur référence était les Bordes, l’extraordinaire parcours du Baron Marcel Bich en pleine forêt solognote. Contacté, son architecte Robert Van Hagge se vit offrir un domaine boisé entourant un relais de chasse et reçut carte blanche pour satisfaire son génie créatif.
Foce à une petite chapelle, le relais de chasse, bâti ou XIXème siècle, a été transformé en hôtel de charme dédié ou septième art. Treize chambres admirablement décorées sur le thème des grondes oeuvres cinématographiques: la Chinoise de Jean-Luc Godard, Lawrence d’Arabie de David Lean, Lola Montès de Max Ophüls … Sons oublier la plus belle, la suite Eric Von Stronheim, hommage ou réalisateur et à l’acteur américain dont la prestation en officier allemand dans la Gronde Illusion de Jean Renoir a marque des générations de cinéphiles.
Les gastronomes choisiront plutôt la Wantzenau. Ce petit village ou bord de L’Ill, à douze kilomètres ou nord-est de Strasbourg, est réputé pour ses restaurants de spécialités. Choucroute, carpe forcie, truite, coq ou Riesling … Le plus couru, A Lo Barrière, propose le foie d’oie chaud et poire confite ou gewürztrominer. Les gourmets s’y damneraient. Foce aux délices de la chère, il est conseillé de découvrir avant les douze coups de midi le golf de la Wantzenau et son clubhouse “alsacien” aux balcons fleuris de géraniums. Dessiné par le grand champion basque Jean Garaialde, le parcours fait la part belle aux obstacles d’eau. Construit sur le Ried, l’ancien lit du Rhin, le golf de la Wantzenau possède sept hectares de plan d’eau. Soit l 0% de la surface totale du domaine dont une partie est lotie de demeures très modernes. C’est la Floride alsacienne. Avec dans le rôle des alligators, les majestueuses cicognes blanches, symboles de l’Alsace, qui trouvent refuge en été sur le faîte des cheminées.
La Wantzenau est un intermède aquatique avant de prendre la route des vins jusqu’à Thann. Gewürzstraminer, riesling, sylvaner, tokay … des vins fruités appréciés des deux côtés de la frontière. La route serpente entre les vignobles accrochés à flanc de côteaux et traverse les villages serrés autour des églises aux clochers élancés. Elle grimpe aussi jusqu’à la forteresse imprenable du Haut Kœnigsbourg. C’est dans cet ancien château de Frédéric Barberousse reconstruit par l’empereur allemand Guillaume Il que Eric Von Stronheim interpréta son rôle magistral dans la Grande Illusion qui lui valut l’honneur, soixante ans plus tard, de recevoir le nom de la plus belle suite de l’hôtel du Kempferhof.
Dans ce paysage bucolique où les vignobles disputent l’espace aux forêts profondes peuplées de sangliers, le golf d’Ammerschwihr a suivi le mouvement de ces terrains escarpés au pied du massif des Vosges. C’est un vrai golf de montagne qui culmine à 400 mètres d’altitude avec des montées exténuantes vers des greens perchés qui offrent en récompense la vue plongeante sur le village aux tuiles rouges d’Ammerschwihr.
La Franche-Comté compte elle aussi une ligne frontière avec la Suisse. Mais à la différence d’un golf comme La Largue, les parcours du Doubs et du Jura ont été créés avec des capitaux 100% français. Et pour la plupart par de grosses entreprises implantées localement. Comme le golf de Prunevelle, près de Sochaux, créé en 1928 par Jean-Pierre Peugeot, président des automobiles du même nom. Déià créateur du football club de Sochaux qui, dans son vieux stade Bonal, connut ses heures de gloire dans les années 30 en remportant le championnat de France de première division en 1935 et 1938 ainsi que la Coupe de France en 1937, Jean-Pierre Peugeot faisait rentrer le golf à l’usine. Révolutionnaire pour l’époque!
Ainsi, le premier golf corporatif d’entreprise voyait le jour dans le Doubs. Dans un paysage golfique qui s’est considérablement modifié depuis, Prunevelle est touiours le seul parcours d’entreprise. Pourtant, d’autres patrons de grandes ou petites et moyennes entreprises se sont depuis portés acquéreurs de golfs. Mais pas dans le même but social d’origine que celui développé par la famille Peugeot dans la période d’avant-guerre.
Dans le Jura, après un remaniement et quelques années nait un magnifique golf, dont l’appellation officielle est “le Val de Sorne“. Botaniste dans l’âme, son propriétaire plante de nouveaux arbres, des érables, des chênes, et veille à préserver quelques beaux spécimens même si ceux-ci sont de véritables tracas pour le jeu. Ainsi, au beau milieu du fairway du 13 se dresse un splendide frêne -surnommé l’arbre du président- qui soustrait au regard un green surélevé que les golfeurs appellent le Volcan.
Le trou suivant qui culmine à trois cents mètres d’altitude permet d’embrasser d’un coup d’oeil la reculée, cette vallée typique du Jura en cul-de-sac, et les jolis villages de Vernantois, de Moiron et Courbazon. Le quatrième quijiustifie au quatorzième trou, “le trou des quatre clochers” est dans le prolongement de son green celui de Montaigu qui vit naître en 1760 Claude Rouget de Lisle, compositeur de la Marseillaise, connu initialement comme Chant de guerre pour l’armée du Rhin.
Souvent les guerres qu’on· imagine dans un sursaut d’orgueil gagnées ne sont que des défaites honteuses, des débacles pitoyables. Au golf de Besançon, dessiné dans une très jolie forêt de sapins, les joueurs défient fleurs aux clubs ce 18 trous qui paraît -le mirage cher aux golfeurs- facile. Et après quinze trous réussis bon an mal an, la fatigue, la lassitude et la pression commencent à exercer leurs ravages.
Le 16 est un par 5 assez banal, droit, de 482 mètres dont le drive doit tracer sa voie dans un étroit couloir végétal. Immanquablement, les chariots stationnent près de la forêt tandis que leurs propriétaires écartent les branches des arbres à la recherche de leurs balles. Et la carte de score triomphante, qu’on s’apprêtait à exhiber fièrement devant ses amis installés sur la terrasse du clubhouse, se mue en un chiffon de papier que l’on signe à la sortie du green du 8 d’une manière honteuse. Ce trou maudit a inspiré aux membres du golf une association “les 16 au 16”. Comprenez seize coups -oui, vous avez bien lu- sur le par 5 du 16. “Tous les golfeurs de Besançon en sont membres”, souligne t-on dans un grand éclat de rire. Après autant d’épreuves subies lors de leur longue histoire, les gens de l’est de la France ont appris à rire de l’adversité.